Préhistoire + art rupestre

Préhistoire + art rupestre

Le Sahara est habité par l’homme depuis la préhistoire. Dès le paléolithique, chaque culture, chaque civilisation a laissé en abondance des témoignages inestimables pour l’histoire de l’humanité : matériels lithiques divers, aménagements de campements, gravures et peintures rupestres, monuments funéraires... Autant de vestiges que le climat désertique a permis de conserver jusqu’à nos jours, et que l'on peut aisément observer au Tassili n’Ajjer (patrimoine mondial).

Le Sahara des premiers hommes

Dès le paléolithique, il y a plus de 2 millions d’années, les premiers hommes (Homo habilis) ébauchent une civilisation humaine, dont les établissements sont repérables sur les rives des anciens lacs asséchés : c’est la culture des galets aménagés (oldowayen).

Un million d’années plus tard, et jusqu’à il y a 100 000 ans, la culture de l’acheuléen se distingue par un matériel archéologique d’éclats et de lames d’une richesse exceptionnelle : bifaces, pointes, hachereaux. À partir de – 100 000 ans BP (before present), Homo sapiens invente et développe les techniques de débitage dites « industrie moustérienne » et « technique Levallois ». Une faune de grands mammifères est associée à ce matériel lithique.

Entre – 40000 et – 20000 BP, c’est l’épanouissement de la culture atérienne, propre à l’Afrique du Nord et aux diverses populations établies au Sahara. Elle se caractérise par une industrie lithique et des outils pédonculés d’une grande variété.

Après une longue période de grande aridité (de – 20000 à – 10000 BP), le retour à un climat plus humide favorise le peuplement du Sahara. C’est la révolution néolithique (commençant vers – 10000/– 7000 BP au Sahara), qui inaugure la maîtrise de l’agriculture et de l’élevage, développe des technologies diverses, permet l’épanouissement de formes rituelles et culturelles, la naissance de l’art… Les sociétés pastorales inventent des outils en pierre de toutes sortes (flèches, haches polies), du matériel de broyage (meules, molettes, broyeurs), élaborent des enclos et murettes. Au fil des millénaires, divers peuples se succèdent, qui inventent la poterie et la céramique, la vannerie, pratiquent la sculpture en ronde bosse sur les parois et les dalles, la gravure sur les coquilles d’œufs d’autruche, la peinture à l’ocre sur les voûtes des abris-sous-roche, édifient des monuments funéraires… Chaque période se distingue par des innovations techniques, par des parures spécifiques – dont témoignent notamment les peintures rupestres.

La protohistoire (à partir de 3500 BP) s’illustre par la naissance du système d’écriture libyco-berbère – de type phonétique –, à l’origine des caractères tifinagh utilisés aujourd’hui encore parmi les populations berbères, en particulier les Touareg.

L’art rupestre

Les chasseurs et pasteurs du néolithique ont laissé des milliers d’œuvres rupestres à travers le Sahara. Henri Lhote (1903-1991), qui a fait connaître les gravures et peintures du Tassili n’Ajjer, a établi une chronologie approximative qui fait référence. Mais l’étude des techniques et des styles de cet art pariétal continue de poser davantage de questions qu’elle ne dévoile de réponses…

Gravures

Période bubaline

Le nom de la période dite « bubaline » fait référence au bubale, un grand buffle aujourd’hui disparu. La « période bubaline » se distingue par des gravures de style naturaliste figurant les grands mammifères et la faune africaine de la zone tropicale : éléphants, girafes, hippopotames, rhinocéros, bovidés, autruches, antilopes… Des êtres humains sont également représentés. Ces œuvres, qui témoignent de périodes relativement humides, abondent dans le Sahara algérien, en particulier dans l’oued Djerat, à Tin Teghert (Dider), dans l’oued In Djaren (Tadrart) ; près de Djanet, l’oued Tegharghart sert d’écrin à l’une des plus belles œuvres de la période bubaline : la célèbre Vache qui pleure (5000 BP).

Les gravures les plus anciennes pourraient dater de 12 000 ans. Elles seraient les premières manifestations de l’art rupestre au Sahara, précédant nettement les pratiques picturales. La technique de gravure s’est perpétuée jusqu’aux périodes récentes à travers les inscriptions en tifinagh et les figurations de dromadaires.

Peintures

Période dite des « têtes rondes »

L’appellation « têtes rondes » est inspirée par un type de personnages peints, caractérisés par une tête discoïdale sans visage. Ce style englobe aussi des scènes de chasse figurant chasseurs et animaux de la savane, ainsi que des scènes inexpliquées, probablement à caractère cultuel. C’est le style pictural le plus ancien. Il débuterait avant 7500 BP et durerait jusque vers 4500 BP.

Période bovidienne

La période dite « bovidienne » apporte les premiers témoignages de domestication, à partir de 6500 BP. Le style bovidien se caractérise par une profusion de fresques naturalistes et réalistes figurant de grands troupeaux de bovidés et des scènes de la vie pastorale, des campements et la vie quotidienne d’hommes, de femmes et d’enfants de différentes ethnies, le petit bétail, des scènes de chasse… Les sujets sont généralement réalisés en petites dimensions, mais parfois aussi en grandeur réelle ; les tons rouges et blancs prédominent. La polychromie en aplat et le dessin au trait, d’une qualité remarquable, caractérisent toutefois les sites rupestres du plateau de Tadjlahine (Tassili n’Ajjer).

Le style bovidien, qui couvre plusieurs millénaires, a perduré au moins jusque vers 4500 BP.

Période caballine ou « du cheval »

Cette période, qui s'étend de 3500 à 2000 BP, marque le passage de la fin du néolithique à la protohistoire. Ses débuts coïncident avec l’introduction du cheval et l'apparition des Guaramantes. Les troupeaux de bovins sont clairsemés, la faune est moins abondante, tandis que les chars attelés, les représentations de guerriers et les scènes de chasse au mouflon deviennent courants. La silhouette des personnages est stylisée, composée de deux triangles affrontés surmontés d’une tête en bâtonnet. 

Période cameline ou « du dromadaire »

Elle commence avec l’introduction du dromadaire, qui supplante le cheval vers le début de notre ère. C’est le signe d'une aridité croissante. Les personnages adoptent une posture figée, leur silhouette est de plus en plus stylisée.

La période cameline couvre également l’introduction de l’écriture dans l’art pariétal. Les inscriptions en tifinagh forment autant de courts messages, gravés ou peints, adressés par des bergers ou des nomades. Mais le sens des tifinagh les plus anciens garde aujourd’hui tout son mystère…

Les monuments funéraires

L’art funéraire a certainement, dans l’histoire de l’humanité, précédé tous les autres. À partir de 8000 BP, les hommes ont élaboré des structures en pierre destinées à l’inhumation et aux pratiques rituelles. Ces vastes monuments, composés de divers éléments architecturaux et répondent à plusieurs types et formes : tumulus, bazina, monument à enclos, à alignement, cercle. Généralement très visibles, ils occupent fréquemment le versant de collines. Ils sont aisément observables en bordure de larges vallées, et notamment dans le piémont du Tassili n’Ajjer (pré-Tassili).